Nul doute que la langue revêt une importance capitale dans la vie des nations. C'est un moyen essentiel de communication et d'expression de la pensée et des sentiments ainsi que de l'enseignement des sciences, des arts, des lettres et des divers domaines qui ont recours à l'usage de la langue. Bref, c'est le fondement de la civilisation d'un peuple et le symbole de son progrès et de son rayonnement. De fait, de l'importance et de l'intensité de l'expansion hors des frontières de la langue, on peut juger du degré de développement général d'une société. Partant de ce constat, l'on peut avancer que notre langue arabe est à peine en usage dans les pays arabes. Bien plus, même chez nous, elle n'est employée que d'une façon partielle et bien timide. A part les lettres, les arts et quelques branches scientifiques limitées, toutes les autres disciplines scientifiques et techniques sont enseignées dans une langue étrangère. Pire encore, même l'administration et la plupart des activités économiques n'utilisent que marginalement et subsidiairement la langue arabe. Dès lors, comment peut-on envisager que notre langue puisse évoluer et rattraper le retard accumulé à différents niveaux : scientifiques, technologiques et dans bien d'autres domaines spécialisés ? La langue est semblable à un être vivant qui croît, se développe et prospère, ou à l'inverse, il risque de s'étioler, de se ternir, et de se détériorer et ce, en fonction du niveau et de l'état de progrès de ceux qui l'utilisent et s'en chargent. C'est à eux qu'incombe la responsabilité de son essor ou du déclin que peut connaître la langue. Les pays arabes ont accumulé beaucoup de retard et de régression dans divers domaines, et notamment quant à leur langue. Cette situation complique singulièrement sa mise à niveau et la revalorisation de son statut. Cette tâche nécessite la conjugaison d'énormes efforts et la mobilisation des énergies de toutes natures et de tous les Etats arabes, sans exception ni exclusive. Elle requiert par-dessus tout, et avant tout, une ferme volonté politique et un véritable sursaut d'honneur civilisationnel profitant de la contribution et de l'apport de tous. Toutefois, en l'état actuel des choses, caractérisé par une léthargie générale, un éparpillement des efforts et des discordances d'approches et de situations, l'entreprise semble pour le moins hypothétique, sinon hors d'atteinte. |